West Side Story

L’histoire? Shakespeare l’a écrite il y a bien longtemps. Deux gangs rivaux, un coup de foudre, un amour rêvé mais impossible et une conclusion mortelle, évidemment.

Installée dans l'Upper West Side de New York (NY) des années 1950, cette relecture de Roméo et Juliette n'a pas pris une seule ride depuis 1957. L’adaptation mise en scène par Lonny Prince colle à l’original de Bernstein. Rythme effréné, chorégraphies millimétrées, et ces mélodies qui nous sont familières mais si difficiles à fredonner au-delà d’un ou deux accords. La rivalité qui oppose les Jets aux Sharks, des gamins qui ne le sont plus, tuera l’amour entre Maria et Tony.

La musique est bien entendu de toute classe. Une tonalité jazzy, l’explosivité de Stravinsky, quelques échos Pelleas et Melisandre de Debussy… les interpretations sont surprenantes: Jadon Wesbter (Tony) a la stature d’un frigo mais se montre souple et doux comme un chat qui peut aussi tuer. Mélanie Sierra (Maria) sort du cadre de la jeune fille corsetée et se laisse aller à quelques accents clownesques débordants d’envie de vivre. Alors, « Tonight » nous fait décoller. Le show prend toute sa dimension grace à Kyra Sorce, qui interprète magnifiquement Anita. 

Un tout petit regret: la scène du Châtelet semblait bien trop étroite, voire étriquée, pour ce show explosif : on craint parfois que les danses fiévreuses de Broadway n’aillent envoyer valser le décor et on a le sentiment que les gestes sont bridés.

West Side Story est un chef d’œuvre intemporel.